La maison et la petite fille

Publié le 6 Février 2015

La maison et la petite fille

Deux mots associés qui s’opposent, la maison et la guerre, et c’est tout l’univers de la petite Marie qui se révèle ainsi. Tout commence par un jeu, celui de l’adulte qui se raconte son enfance, tutoyant la petite fille qu’elle était pour mieux s’imprégner de ses souvenirs ; elle se promène en imagination dans cette maison aux toits rouges, aux roses jaunes, aux parfums d’antan où elle a passé une année pendant la guerre, confiée par sa mère à de vieilles parentes, sans explication aucune, sans indication de temps. Alors retrouver les pièces les unes après les autres comme si le lecteur l’accompagnait pour visiter cette maison lui permet d’évoquer ces quatre saisons qui conduiront Marie à comprendre lentement, inexorablement l’impensable. Les échos du monde que l’enfant perçoit au travers des propos qui échappent aux adultes qui l’entourent, leurs silences aussi, la radio qui diffuse soir après soir des nouvelles incompréhensibles pour l’enfant de quatre ans, mais dont certains mots feront sens petit à petit, tout ce bruissement du réel heureusement compensé par les découvertes sensuelles de cette maison qui se fait monde, imprégneront la mémoire de Marie, comme un temps dilaté qui occupera toute sa vie. L’adulte qu’elle est devenue reviendra à la fin du livre livrer au lecteur la version rationnelle de cette histoire, terriblement banale en ces années de guerre, mais l’imaginaire bouleversant de l’enfant continuera à sous tendre la vie de cette femme qu’elle est devenue. Marie Sizun nous donne à lire et comprendre une période terrible de notre histoire par le prisme de l’imaginaire d’une l’enfant. Les impressions sensuelles qu’elle écrit dans une langue si poétique et si juste font écho à nos propres souvenirs d’enfance, dans l’émerveillement des découvertes et des souvenirs de chacun. Un si grand plaisir à vous lire, Madame.

Hélène Camus, Combourg

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