Implacable tendresse !

Publié le 18 Mai 2019

 

Un petit bijou que ce dernier roman d’Alina Bronsky, qui choisit d’aborder les suites de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl sous l’angle du quotidien des quelques personnes qui se sont réinstallées aux alentours de la centrale.

Son héroïne, Baba Dounia, a une forte personnalité. Elle a choisi de retourner dans son village, Tchernovo, en dépit de l’interdiction des autorités. Mais Baba Dounia n’en a cure. Elle a travaillé toute sa vie comme aide-soignante pour élever ses deux enfants, Irina et Alexeï, et son mari est mort depuis longtemps maintenant. Alors à l’âge avancé où elle a pris sa retraite, elle s’est installée dans sa maison irradiée, sans se préoccuper de l’avis affolé de sa fille. Celle-ci est médecin en Allemagne, où elle s’est mariée et a eu une fille, que Baba Dounia ne connaîtra pas.

D’autres anciens habitants de Tchernovo ont suivi l’exemple de Baba Dounia et sont venus à leur tour vivre clandestinement, mais tranquillement, leurs dernières années dans ce petit village qui n’est plus desservi par les transports en commun.

L’auteur nous raconte la vie de tous les jours de cette poignée d’habitants, qui cultivent leurs potagers sans se préoccuper de la radioactivité, qui s’entraident tout en respectant l’intimité de chacun. La vie de Baba Dounia se déroule au rythme des saisons, éclairée par les lettres de sa fille Irina, jusqu’au jour où elle reçoit une lettre différente, écrite dans une langue qu’elle n’identifie pas. Commence alors la quête d’une traduction, sans pour autant que Baba Dounia cède d’un iota sur son indépendance. Mais les événements vont s’accélérer, perturbant le calme de la petite communauté, et la position de Baba Dounia s’en trouvera péniblement renforcée.

Dounia, une babouchka malicieuse, philosophe, émouvante, énergique et faisant montre d’un humour parfois cinglant.

Un véritable plaisir de lecture, dans une excellente traduction de Isabelle Liber.

Hélène Camus

Tous les membres du Club de Lecture de Liffré qui ont lu ce roman sont unanimes. 

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