Le pays d'en haut - collection Versant Intime chez Arthaud

Publié le 1 Mars 2019

 

Fabrice Landreau dirige une magnifique collection aux éditions Arthaud : “Versant intime”. Elle propose des rencontres avec de grandes figures des lettres, des arts, des sciences ou du voyage, et s’attache à raconter leur passion pour la montagne, et plus largement la nature. Il s’agit d’entretiens conduits par Fabrice Landreau lui-même.

Le dernier opus publié est sa rencontre avec Marie-Hélène Lafon. Dans ces entretiens, elle nous raconte sa montagne du Cantal, à 1000 mètres d’altitude, au creux de la vallée de la Santoire, une région qui imprègne tous ses livres. Il s’agit de la moyenne montagne, pas des sommets grandioses des Alpes ou des Pyrénées, mais d’une montagne au " relief rond et bombé, un pays gras, velu, pelu, une herbe charnue, le pied y rebondit” (M.H L), habitée, peuplée des hommes et des bêtes qui y vivent tout au long de l’année en étroite complicité.

Nous découvrons au fil des questions de l’éditeur, tout l’univers de Marie-Hélène Lafon, ce lieu qui lui est cher, fondateur, dont elle a toujours su qu’elle s’en éloignerait pour mieux y revenir en particulier dans l’écriture. Son écriture si rythmée et sensible, précise,  vivante, nous emmène découvrir avec attention et intérêt ce pays du Cantal, tellement isolé en hiver, qui transforme les habitants en îliens, la perception physique de la solitude et de l’isolement, la fin programmée d’une agriculture spécifique, proche des animaux, vivrière, courageuse.

Au fil du livre les sources d’inspiration de l’auteur se font jour, ancrées dans cette origine paysanne qui a fait d’elle la première de la famille à quitter la région pour une profession intellectuelle, tellement éloignée des préoccupations familiales. Elle a grandi au gré des éléments, subissant l’hiver, travaillant aux champs ou surveillant les bêtes, elle a marché, longuement, régulièrement par les chemins de sa montagne, l’apprenant dans ses pas, amassant des connaissances de terrienne qui la nourrissent toujours. Elle évoque ainsi “la sauvagine”, la notion de “sauvage”, dans la faune bien sûr, mais aussi dans le paysage, la nature, évoquant tout ce qu’on ne voit pas, ce qui se pressent, se devine, et  rappelant une forme de “sauvagerie” qui étreint toujours l’auteur en dépit de ses nombreuses années de vie citadine.

Vous cheminerez dans les pas de Marie-Hélène Lafon, avec bonheur, heureux d’approfondir grâce à ses réponses, la connaissance de “sa” montagne et de son univers, où s’enracine l’essence même de son écriture.

Hélène Camus

 

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