La force de Rose

Publié le 2 Février 2019

L’histoire de Rose continue de résonner en moi, bien après que j’ai eu fini de la lire. Franck Bouysse nous offre ici un formidable roman, puissant, fascinant, dérangeant aussi. Déjà les précédents montraient combien il excelle dans l’écriture, dans l’élaboration d’histoires fortes, étonnantes, sensibles. Cette fois il est allé encore plus loin dans la construction, l’invention, l’analyse et l’émotion.

Rose ne se doute pas à 14 ans que son père va l’emmener loin de son foyer. Quatre filles dans cette ferme miséreuse, où Onésime s’acharne à gagner quelques sous pour nourrir sa famille, c’est beaucoup. Le fils tant attendu manque pour toujours, à cette époque du début du siècle dernier. La domesticité est alors une manière de trouver un revenu, et Rose prendra son service au château chez le maître de forge.

Au début du  roman, Gabriel,  curé de cette campagne cernée de bois sombres et effrayants, doit se rendre à  l’asile bénir le corps de Rose et dérober ses cahiers, qui sont cachés sous sa robe ! Et bien que cette femme ait commis l’irréparable, Gabriel se prendra ces cahiers, et même les lira. L’histoire de Rose peut alors commencer. Elle vous fera vibrer, vous dérangera, vous craindrez le pire et pourtant il sera pire encore. Vous ne pourrez arrêter de dévorer ces pages, qui vous bouleverseront. Les personnages qui  traversent l’histoire deviendront réels, vous serez certains de les avoir croisés ou d’en avoir entendu parler.

Franck Bouysse use d’une langue magnifique, relate des faits terribles et poignants avec une rare maîtrise des mots, au plus près des sensations et des émotions de ses personnages, se coulant avec force et délicatesse mêlées dans chaque personnalité, et longtemps résonnera en nous la parole nue et forte de Rose, l’intemporalité de son histoire, la complexité des pulsions et des sentiments humains où la grandeur côtoie l’indicible inexorablement.

Hélène Camus

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