Une rencontre riche de beaux échanges avec Colin Niel

Publié le 17 Novembre 2018

Claude Charpentier et Colin Niel

Colin Niel est venu rencontrer ses lecteurs à la librairie ce jeudi 16 novembre. Un bien beau moment, des échanges intenses et la découverte pour nombre des présents de ce département français si peu connu en métropole : la Guyane.

L’auteur est arrivé en Guyane pour son travail en 2001 et l’implication sur le terrain, sa découverte de la forêt amazonienne, la création du Parc National qu’il a conduite, les liens qu’il a tissés avec les populations dont certaines vivent dans des zones très reculées du territoire, toute cette approche l’a conduit à aimer cette région de la France lointaine. Il a eu envie d’écrire « depuis toujours » mais cette volonté s’est concrétisée grâce à la Guyane. Comme un envoûtement. Prise de conscience du décalage énorme entre son propre ressenti de la Guyane et ce qu’en pensent les « métros ».

Pour écrire sa trilogie guyanaise, Colin Niel a amassé une documentation prodigieuse. Il se fait un devoir de retourner sur le terrain, de rencontrer les gens, ceux dont il veut parler, d’approfondir ses connaissances des thèmes qu’il souhaite aborder : dans « Les Hamacs de carton » il s’agit du problème identitaire qui existe en Guyane, de la porosité des frontières ; pour « Ce qui reste en forêt » c’est le contraste entre le travail de scientifiques au cœur de la forêt amazonienne et le chantier clandestin des orpailleurs ; dans « Obia » il aborde le problème de la drogue et recentre l’intrigue sur la population des Noirs-Marrons. Chaque livre aborde la diversité des problématiques et des populations. Il lui importe d’ancrer ses romans dans l’actualité de la Guyane, d’évoquer aussi précisément que possible les relations entre les différentes populations qui sont chargées d’Histoire. Sa source d’inspiration est bien la richesse de ce territoire si peu connu de la métropole et les Guyanais sont toujours très étonnés que les romans de Colin Niel intéressent les « métros ».

De nombreuses populations cohabitent en Guyane, les Créoles bien sûr, mais aussi les Noirs-Marrons, les Mnongs, les Amérindiens, les Chinois, les populations des pays limitrophes. Bien sûr des conflits surviennent, mais globalement ce melting-pot fonctionne nous explique Colin Niel. De plus des passerelles entre les différents territoires de ce département existent de plus en plus.

Le héros de la trilogie guyanaise revient dans ce nouveau roman « Sur le ciel effondré », le Capitaine Anato, ce gendarme Noir-Marron qui a fait ses études en France et se retrouve dérouté dans sont propre pays. Il travaille avec l’adjudante Angélique Blakaman, elle aussi Noire-Marron qui revient chez elle auréolée du prestige d’un comportement héroïque. Ils nous entraîneront sur le fleuve Maroni qui prend sa source au Brésil nous faisant découvrir les Wayanas, population amérindienne dont le territoire est situé au cœur même de la forêt amazonienne. Les problématiques de ce nouveau roman sont le mal être des jeunes adolescents amérindiens, l’influence croissante des Evangélistes qui s’infiltrent partout, la perte de repères de ces populations autochtones confrontées à une occidentalisation qui les bouleverse, et la question de la « Montagne d’or », cette immense mine d’or qui devrait advenir au détriment de toute notion écologique.

Colin Niel nous a passionné toute cette soirée, nous racontant la Guyane, nous bouleversant des thématiques si nombreuses qui résonnent dans ce territoire français en Amérique du Sud et nous donnant quelques indications sur sa manière d’écrire. Beaucoup de documentation, beaucoup de lectures en amont, plusieurs semaines sur place et des rencontres – conversations avec des personnes de tous les milieux, faisant son miel de tous les détails de leur vie, de leur histoire, de leurs rêves. « J’aime beaucoup travailler sur le détail » nous confie-t-il. Et aussi, « plus le personnage est éloigné de moi, plus je le trouve réussi ». Trois à quatre mois de documentation, et deux ans d’écriture pour qu’au travers de ces romans guyanais, La Guyane nous raconte une autre France.

Hélène Camus

 

Publié dans #polars, #Rencontre

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